L'aéronautique militaire en photos
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Le prototype du Mirage IV effectue son 1er vol le 17 juin 1959. Le premier appareil de série quant à lui, vol effectue son vol initial en décembre 1963 pour être livré à l’Armée de l’Air en février de l’année suivante. La série s’achève avec le Mirage IV A n°62 qui est livré en mars 1968. 9 escadrons de bombardement ainsi qu’un escadron d’instruction seront dotés de cet appareil jusqu’en 1976, année qui voit la dissolution de 3 escadrons en Juillet. L’escadron de bombardement 1/91 Gascogne, qui renaît le 1er juin 1964, est la première unité des Forces Aériennes Stratégiques (FAS) à mettre en œuvre ce nouveaux bombardier. L’escadron est officiellement déclaré opérationnel sur Mirage IV A le 1er octobre 1964 sur la base de Mont de Marsan (Landes). L’EB 2/91‘Bretagne’, second escadron sur Mirage IV, est constitué en décembre. Il est basé à Cazaux. Puis, en février de l’année suivante, c’est au tour de la base d’Istres d’accueillir un escadron de bombardement, l’EB 1/93 ‘Guyenne’. La base d’Orange se voit affecter l’escadron 2/93 ‘Cévennes’, opérationnel au cours de l’été. La même année voit l’installation de l’EB 3/91 ‘Beauvaisis’ à Creil (juin), de l’EB 3/93 ‘Sambre’ sur la base de Cambrai (août), l’EB 2/94 ‘Marne’ à St-Dizier (octobre) et finalement de l’EB 1/94 ‘Bourbonnais’ à Avord en décembre 1965. Au début 1966 (février), s’installe à Luxeuil l’EB 3/94 ‘Arbois’, dernier escadron constitué. Il est à noter que le CIFAS 328 utilise déjà le Mirage IV depuis mai 1964. Le 1er juillet 1976 voit la dissolution de 3 escadrons : les EB 3/91, 3/93 et 1/94. L’EB 1/93 ‘Guyenne’ quitte sa base d’Istres pour celle d’Avord où il devient EB 1/94. L’Escadron de Bombardement EB 2/93 devient 3/91 tout en conservant le nom de ‘Cévennes’ et en restant sur sa base d’Orange. Ce dernier, ainsi que l’EB 3/94 ‘Arbois’ sont dissous en octobre 1983. L’appareil aura connu quelques évolutions notables au cours de sa vie opérationnelle. Ainsi, dès octobre 1979, le ministère de la Défense prend la décision de transformer 15 Mirage IVA en Mirage IVP (‘P’ pour pénétration). Cet appareil intègre un nouveau SNB, des systèmes ECM améliorés et surtout la capacité d’emport et de tir du missile ASMP destiné à remplacer la bombe à chute libre AN 22. Le système d’armes Mirage IVP/ASMP entre en service opérationnel en mai 1986. En 1992, l'escadron 2/91 "Bretagne" fête ses 50 ans et décore un avion pour l'occasion(le n° 23/AV).
10 ans plus tard, l’EB 2/91 ‘Bretagne’ est dissous à
son tour (juillet 1996), la mission de bombardement nucléaire est alors
abandonnée au profit des Mirage 2000N
des FAS.
Je tiens à remercier ici les officiers de presse du SIRPA/Air, le Lcl J.L. Gaynecoetche (CR), et tous les personnels rencontrés de ce prestigieux escadron (tous admirateurs de ce fabuleux appareil !)
Pour plus de détails, je renvoie les passionnés de la ‘bête’ à l’excellente saga du Mirage IV contée par Alain Crosnier dans les numéros 192 à 198 de la revue Air Fan ainsi qu’à l’article de mon copain Christian dans le numéro 232 (ERS 1/91) du même magazine. Je n’oublie pas le magnifique livre d’Alexandre Paringaux : « le règne du Mirage IV », qui, outre de magnifiques photos, est truffé de témoignages de navigants et de personnels au sol. Et surtout, sous la plume de Hervé Beaumont, le Docavia 47, "the" bible pour les passionnés de l'avion.... Toutes ces pub’ sont gratuites et totalement désintéressées ! ! Caractéristiques :
(Cliquez sur les vignettes pour une image en grand format) Clichés © Yves Fauconnier sauf mention. Clic on thumbnails to enlarge
Appareil emblématique, pour ne pas dire mythique, le Mirage IVP est le dernier avion supersonique de reconnaissance stratégique utilisé dans le monde. L’Escadron de Reconnaissance Stratégique 1/91 « Gascogne » utilise une poignée du plus impressionnant des appareils militaires fabriqués par les avions Marcel Dassault.
Historique du « Gascogne » Le Gascogne est créé en 1933 sur la base de Cazaux, il hérite des traditions de deux escadrilles de la Première Guerre Mondiale, la SAL 28 et la SPA 79. En 1936, il est intégré au groupe de bombardement de la 19ème escadre de Nancy pour devenir le 2/19. Il stationne à Oran en 1938 mais revient en métropole pour participer à la campagne de mai-juin 1940. Le groupe « Gascogne » réapparaît en 1944 sur B26 Marauder lors de la campagne d’Italie, puis celle d’Allemagne. Il est dissous à Mengen, Allemagne, en mars 1946. L’escadron 1/19 Gascogne est recréé le 1er janvier 1951 en Indochine, sur B26 Invader cette fois. L’activité est soutenue et il sera engagé dans la bataille de Dien Bien Phu. Il sera dissous le 1er novembre 1955. Moins d’un an plus tard, le 1er septembre 1956, l’unité renaît à Oran sous le nom Groupe de Bombardement 1/91, toujours sur Invader et participe à la guerre d’Algérie au cours de laquelle il effectue plus 44.000 heurs de vol en plus de 24.000 sorties. Il est à nouveau dissous en septembre 1962. Le 1er juin 1964 voit la dernière renaissance de l’unité nommée Escadron de Bombardement E.B. 1/91 « Gascogne ». Il sera le premier escadron à être déclaré opérationnel sur Mirage IVA en octobre de la même année sur sa base de Mont de Marsan. Nouvelle première en 1986 puisqu’il est à nouveau le premier à être déclaré opérationnel sur système Mirage IVP et missile ASMP. Le 1er juillet 1996, la mission nucléaire des Mirage IVP est abandonnée, l’escadron devient alors Escadron de Reconnaissance Stratégique 1/91.
L’escadron en 2003 Toujours basés sur la BA 118 « Colonel Rozanoff » de Mont de Marsan, l’ERS 1/91 dispose de 5 Mirage IVP parmi les 7 qui restent disponibles (en septembre 2003) et d’un Alphajet. Ce dernier est surtout utilisé pour des vols d’entraînement –moins coûteux qu’en Mirage IV- , de liaison, voire de transport de films vers la DRM de Creil. Cette flotte est mise en œuvre par 110 personnes dont 16 officiers. Le personnel naviguant se compose de 6 équipages, non constitués –sauf en opération-, soit 6 pilotes et 6 navigateurs qui effectuent environ 200 heures de vol par an sur Mirage auxquelles s’ajoutent une cinquantaine d’heures sur Alphajet. Outre l’imposant laboratoire de traitement des films, l’escadron dispose de 2 SLI –Système Local d’Interprétation- qui permettent de scanner les photos, les traiter et les transférer par liaison satellite cryptée. Cet outil a permis d’améliorer très nettement la rapidité de diffusion des clichés. Alors qu’il fallait prés d’une semaine pour que l’ONU dispose des images de l’Irak en 1998 (Opération Aladin), 5 ans plus tard, le contrat prévu entre la France et l’ONU prévoyait une mise à disposition sous un délai de 10 heures. En réalité, les images étaient prêtes en 2 ou 3 heures ! Un Mirage IV peut être prêt à décoller en 24 heures à n’importe quel moment. Les personnels mettent d’ailleurs un point d’honneur à rester sous ce délai, ainsi une mission urgente ordonnée un 11 novembre pour un survol d’un pays africain était prête en 22 heures ! La mission Stratégique. Les missions des Mirage IVP du « Gascogne » sont de type IMINT (IMage INTelligence). « Elles sont stratégiques de par le niveau auquel on assigne les objectifs (CEMA : Chef d’Etat-Major des Armées) tout comme l’importance et/ou l’éloignement de cet objectif. Et même si l’escadron a pu faire des missions tactiques (reco post-strike en Serbie et en Afghanistan par exemple), elles restent rares. » indique le LCl Priolet, commandant l’ERS 1/91. « L’on sait si l’info est stratégique seulement après le développement des photos » ajoute-t-il. Pour assurer cette mission photographique, l’avion est équipé du conteneur technique CT 52, installé sous le ventre de l’avion, dans le logement destiné initialement à l’arme atomique. De taille respectable, une longueur de 5,80m pour une larguer de 0,80m et autant en hauteur, ce conteneur, équipé, affiche une masse de 800kgs. Il est divisé en 3 compartiment distincts. Le premier loge une caméra nasale Omera 35 de 150 m/m de focale photographiant vers l’avant, puis une Omera 35 de 75m/m verticale suivie par 2 autres obliques gauche et droite de 150 m/m. Ces appareils utilisent des films en format 114m/m. Le domaine d’utilisation est de 150 à 10000 pieds. Le second compartiment abrite une caméra Wild RC-8Fde 152 m/m qui utilise des négatifs de 228 par 228 m/m suivie par les HA-tri, les 3 caméras Omera 36 de 600m/m de focale, à nouveau au format image de 114 m/m. Ces 4 caméras sont utilisables en subsonique de 10000 à 45000 pieds pour la Wild et de 20000 à 45000 pieds pour les HA-Tri et, en supersonique, de cette dernière altitude à 60000 pieds Le troisième et dernier compartiment contient l’équipement de conditionnement destiné à maintenir une température moyenne de 30°. La disposition et le champ de l’ensemble du dispositif permet de couvrir une largeur égale à 8 fois celle de l’altitude de l’avion. Les photographies sont en noir et blanc, les émulsions couleurs sont rarement employées. Ci contre, le schéma
de disposition des caméras dans le CT 52. Le second compartiment peut recevoir, à la place des caméras, un capteur infra-rouge Super-Cyclope qui couvre une surface au sol égale, en largeur, à 3,5 fois celle de l’altitude. Il est maintenant très exceptionnellement utilisé. Pour une navigation optimale, le Mirage IVP embarque 2 centrales à inertie ULISS 54 et un GPS, non hybridé avec les centrales. Le radar de navigation ventral permet un recalage tous temps avec une précision de l’ordre de plus ou moins 100m et autorise par ailleurs la rejointe radar sur les ravitailleurs français. Pour sa protection le Mirage IV P est équipé de toute une panoplie de Contre Mesures Electroniques intégrées : un système Thomson-CSF SERVAL, détecteur de menaces tout azimut, AGASOL contre le missiles sol-air d’origine Russes et un lance leurres Alkan F1A en soute arrière (sous le croupion de l’avion) tirant des cartouches EM ou Infra-rouges de 40m/m. Les CME externes sont constituées d’un pod Thalès BARAX-NG et un pod lance leurres BOZ 103 contenant des paquets de paillettes EM et 18 cartouches IR de 50m/m. « Notre domaine de vol, Mach 2 à 55.000 pieds, et notre manoeuvrabilité à haute altitude nous assurent une vulnérabilité réduite » assure le Lieutenant-Colonel Didier Priolet. « Nous volons très vite, très haut, et face à un intercepteur, un virage de 30° suffit à sortir du domaine de tir d’un chasseur » ajoute-t-il. L’escadron remplit aussi un plan annuel de traitement d’objectifs au profit d’autorités diverses telles que les 3 armes (Air, Terre et Marine), la Gendarmerie, le DST….Les photographies recueillies à cette occasion n’auront pas nécessairement une utilisation immédiate mais serviront à enrichir les dossiers de ces autorités. Les intempéries peuvent aussi mobiliser les Mirage IV comme lors des tempêtes de décembre 1999 afin de fournir au gouvernement une évaluation d’ensemble des dégâts ou lors d’inondations afin de connaître avec précision quelles sont les infrastructures routières/ferroviaires les plus menacées par une montée des eaux. Les mission opérationnelles. L’escadron et ses Mirage IV a été de toutes les crises récentes. L’opération Trident est encore dans toutes les mémoires : 1999, la province du Kosovo est en crise, l’OTAN s’engage contre la Serbie. Trois Mirage IVP sont détachés sur la BA 126 de Solenzara, en Corse. L’effort de l’ERS 1/91 est particulièrement soutenu puisque 2 sorties au dessus de la Serbie sont effectuées quotidiennement. Les avions décollaient de Solenzara, traversaient l’Italie du nord de Rome au sud de Pescara pour arriver au dessus de la Mer Adriatique et effectuer un premier ravitaillement en vol sur C135F puis « push » -accélération à Mach1,8 et montée à 45/50000 pieds- pour le survol de la Serbie où les menaces air-sol étaient bien réelles ! Après un retour sur l’Adriatique pour un second ravitaillement, l’avion repartait pour un second passage sur la Serbie avant de repartir pour un dernier complément de carburant et le retour sur Solenzara. Après développement, les films étaient acheminés, au début de l’opération, par Alphajet à Vicenza , siège de l’état-major allié, puis, par la suite, par transfert informatique après numérisation. En parallèle, les images obtenues étaient aussi transférées sur la BA 110 de Creil, siège de la DRM – la Direction du Renseignement Militaire. L’opération Héraclès, dans le cadre de l’action menée contre le régime des Talibans en Afghanistan, voit le déploiement de 2 Mirage IVP et 2 C135Fr sur la base aérienne de Al Dhafra, aux Emirats Arabes Unis, à partir du 21 octobre 2001. Une mission était effectuée chaque jour. Le profil de celle-ci était le suivant : Après décollage de Al Dhafra, cap à l’ouest vers la Mer d’Oman puis changement de cap vers le nord pour une entrée par le sud du Pakistan et sa traversée. Un premier ravitaillement en vol se déroulait alors au sud de l’Afghanistan sur le C135 parti quelques heures auparavant. Ce ravitaillement au dessus du théâtre a constitué une première puisque pour d’évidentes raisons de sécurité, les ravitaillements s’effectuent toujours au dessus de territoires alliés ou amis. Mais rappelons que la menace aérienne au-dessus de l’Afghanistan était inexistante ! Après la mission photo, d’une durée d’environ 1h40, l’avion effectuait un second ravitaillement au même endroit que le premier pour retourner vers la base de départ. La durée moyenne de chaque mission avoisinait les 6 heures. « Quelque soit l’endroit où l’avion ravitaillait sur l’Afghanistan, il était capable de traiter les objectifs les plus éloignés » souligne le LCl Priolet. « Seul avion de la coalition à avoir cette capacité de reconnaissance –sauf le U2/TR1 mais qui n’évolue pas du tout à la même vitesse- il pouvait être présent sur tous les points chauds du pays. Les images, transmises au commandement américain ont d’ailleurs été particulièrement remarquées et appréciées par ces derniers ! » ajoute-t-il. Le détachement de l’ERS 1/91 quitte les Emirats Arabes Unis en février 2002 avec 444 heures de vol à son actif.
Opération Tarpan : Le 14 février de cette année, la France propose à l’ONU de fournir des Mirage IV pour des missions de reconnaissance au dessus de l’Irak. Dés le 21 du même mois, 2 avions de l’ERS 1/91 sont déployés sur la base Saoudienne d’Al Kharj. Les missions débutent le 26 et à raison d’un vol quotidien en moyenne, d’une durée de 4 à 5 heures, les avions vont photographier environ 110 000 Km2 du territoire Irakien. Ces vols se déroulaient en subsonique et à moyenne altitude, car l’Irak, dans un souci d’écarter le conflit qui le menaçait, avait autorisé ces survols. « Toutefois, quelques vols ont été salués par des ‘allumages’ en provenance de radars sol-air ! » nous a confié le commandant du Gascogne… Les avions rentrent à Mont de Marsan le 19 mars. L’ONU a pu visionner les photos quelques heures à peine après le survol des objectifs prévus (qu’ils soient civils ou militaires) ou sur coordonnées, pour identifier des zones suspectes. Les avions rentrent en France le 19 mars. L’escadron va continuer ses missions de reconnaissance jusqu’en juin 2005, année qui voit son retrait définitif après, comme le veut la formule, plus de 41 ans de bons et loyaux services. L'escadron 1/91 Gascogne est dissous le 30 juin 2005. Il est recréé le 1er septembre 2008 comme 2ème escadron Rafale, à St-Dizier. Sa prise de commandement a lieu officiellement le 31 mars 2009. La question de son remplacement est d’ors et déjà à l’ordre du jour. Et si l’on peut gager sur un appareil biplace, qui du Mirage 2000 ou du Rafale emportera la décision, le débat est ouvert ! Et même s’ils affichent eux-aussi d’excellentes performances, ils n’auront sans doute pas cette extraordinaire renommée que connaît leur illustre prédécesseur. Ce sera une autre histoire. Je tiens à vivement remercier l’ensemble des personnels du ‘Gascogne’ rencontrés à l’occasion de cette visite de juillet 2003 et tout particulièrement le LCl Didier Priolet, pour la qualité de leur accueil et les facilités offertes. Mes remerciements iront aussi au Lcl Martin, OSA de la BA 118 et au SIRPA/Air. YVES FAUCONNIER
Le Mirage IV quittent les cieux le 23 juin 2005, une page de l'histoire de l'aéronautique se referme.
Page mise à jour le 23 janvier 2010 |